La vie est pleine de surprises et comme un personnage célèbre du film Forest Gump disait, « la vie, c’est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber ».

Humm et bien disons que 2020 n’est pas la meilleure boîte de chocolats que nous ayons reçu.. et que le Covid-19 laisse un goût plutôt amer.

C’est fou l’impact que ce virus peut avoir sur la terre entière, presque irréel je dirai. Le monde entier est quasi en apnée depuis maintenant presque un semestre entier!

D’un autre côté, la nature, elle, reprend ses droits et tire avantage de cette pause impromptue. On voit apparaître, ici et là,  des animaux dans des lieux jamais occupés auparavant, certaines rivières redeviennent presque translucides, le silence, le son des oiseaux que les citadins redécouvrent émerveillés… Il est bon de voir que la nature s’exprime et manifeste cette « joie »  et   cette liberté retrouvée, quand l’homme de son côté rêve justement de liberté et d’espace.

De mon côté, je dois dire, je suis plutôt chanceuse puisque étant basée en Afrique du Sud en plein coeur de la savane africaine, je ressens cette sérénité  et cette atmosphère tous les jours, y compris avant l’arrivée de ce Covid-19.

L’Afrique du Sud est un pays fascinant où la nature explose dans toute ses expressions: la savane bien sûr et sa faune sauvage, ses montagnes et ses canyons, ses plages de sables blanc et ses pingouins, ses grands espaces semi désertiques.. bref un paradis où le tourisme contribue en grande partie à l’économie du pays.

Le virus a eu ici, vous vous en doutez, des consequences dramatiques sur l’économie (sans compter bien entendu les décès dus au virus), puisque, avec la mise en place nécessaire du confinement généralisé, beaucoup ont perdu leur emploi, et tout particulièrement dans ma région, région emblématique où cohabitent les plus belles reserves naturelles et où toute l’industrie du safari photographique est en mode pause et retient son souffle.

Mais il y a des consequences encore pire à cela:

L’industrie du safari permet de financer entre autre une énorme partie de la maintenance de ces reserves naturelles, et surtout de financer les unités et patrouilles d’anti-braconnage, dont la mission est de protéger la faune sauvage (rhinocéros, éléphants, lions mais aussi antilopes …)et de s’assurer qu’aucun braconniers ne puissent agir, que ce soit pour tuer un rhinocéros (animal en voie d’extinction aujourd’hui) pour sa corne ou tout simplement un impala (une antilope) pour sa viande..

Maintenant vous imaginez bien le problème auquel nous faisons face:

sans les safaris, sans les clients dans ses réserves naturelles, pour financer ces patrouilles, et avec de plus en plus de personnes en difficulté pour subvenir à ses besoins faute de travail, le résultat est là: le braconnage de collets est en train d’augmenter, et tous types d’animaux sont impacté, de l’antilope pris au piège à la giraffe ou au rhinocéros et parfois même éléphant dont la trompe se retrouve pris au piège.

J’y viens j’y viens, mais il est important que vous compreniez le contexte dans lequel ce projet dont je vais vous parler, a vu le jour, pour en saisir toute la beauté et surtout   tout l’enjeu.

Le braconnage de collet (snare poaching en anglais) est un moyen pour les braconniers de capturer de façon illégal des animaux sauvages en confectionnant des pièges avec des fils de fer ou de cuivre. Ces pièges sont positionnés dans des endroits de la savane régulièrement empruntés par les animaux qui se retrouvent alors pris au pièges, une pâte, une tête coincée, ou une trompe selon la taille de l’animal qui a le malheur de passer par là.

Le braconnier, une fois son piège posé, n’a plus qu’à attendre, parfois caché derriere un buisson à attendre quelques heures,  parfois parti plusieurs jours et revenu pour vérifier si une proie a été prise.

Ces pièges ne ciblent pas vraiment les fameux Rhinoceros pour leur cornes ou les éléphants pour leur défense, ils ciblent surtout les antilopes tels que impalas, kudu.. pour leur viande.

Et avec l’arrivée du Covid-19, une partie de la population cherche à se nourrir d’une manière ou d’une autre.

Le problème est que n’importe quel animal peut se retrouver pris au piège. C’est la raison pour laquelle on peut parfois croiser dans la savane des zèbres, hyènes, lycaons (en voie d’extinction) voire même des éléphants ou rhinoceros, blessés, essayant de survivre à des blessures profondes, certains se déplaçant encore avec du fil de fer autour du corps, du museau, les empêchant ainsi de se nourrir.

Ici c’est une hyène qui s’est notamment retrouvée prise au piège au niveau de la mâchoire. Cette photo a été prise lors de l’intervention d’un vétérinaire sur place pour l’endormir et lui retirer le fil de fer.  Trois d ‘entre elles, étaiet dans ce cas, elles ont été aperçue ensuite et se portent bien.

Histoire similaire pour ce zèbre qui une fois le piège retiré, a survécu.

Ce sont toutes ces questions que je me suis posée et que j’ai posée il y à quelque semaines à un membre de l’équipe d’une NGO avec qui je travaillais sur une mission terrain où nous avons croisé un éléphant dont la trompe avait été totalement ouverte suite à un piège de collet dans lequel il s’était retrouvé piégé.

Lilly Otto c’est le nom de cette jeune femme qui m’a été chuchotée à l’oreille alors que je posais toutes ces questions.

L’histoire d’une femme qui a décidé de combattre le braconnage de collets en sensibilisant et en transformant cet outil de destruction et de souffrance en un objet poétique qui en plus d’être précieux, va contribuer à sauver ces animaux blessés et à diminuer la profusion de ces pièges. 

J’ai personnellement trouvé cette histoire très inspirante et à mon retour à la maison j’ai contacté Lilly…nous nous sommes rencontrés quelques semaines plus tard.

Aujourd’hui je souhaite vous la présenter, elle, et le projet qu’elle a créé l’an dernier avec son frère Troy: Down2the Wire.

Sa mission: collecter sur le terrain ces collets en fer et/ou cuivre provenant de ces pièges, et transformer cet outil de destruction en un bijoux 100% fait de ces collets, dont la vente servira ensuite à financer les interventions et traitements des animaux blessés, pris au pièges.

Et oui, la réalité est que pour traiter et sauver ces animaux il faut d’abord pouvoir financer les interventions (vétérinaires, traitements, parfois hélicoptère pour retrouver l’animal qui a été aperçu blessé car ne l’oublions pas, il s’agit ici d’animaux sauvages). Les produits confectionnés par Lilly et son équipe permettent justement de financer ces actions. La boucle est bouclée.

Une idée tellement simple, du Chaos à l’Espoir..

J’ai donc décidé d’aller à sa rencontre et je vous invite à la découvrir à travers cette interview réalisé il y a quelques jours

Ecoutons ce que Lilly a, à nous raconter, à propos de ce formidable projet Down2the Wire!

Down2the Wire est une petite société que nous avons créé avec mon frère Troy en Février 2019 et qui tente de faire la différence sur le terrain, dans le domaine de la protection des animaux sauvages ici en Afrique du Sud, en particulier ceux blessés par les pièges de collets utilisés par les braconniers dans la savane africaine.

Nous croyons avec ferveur que chacun, à son niveau,  peut aider à combattre ce fléau. Ce projet a été créé pour sensibiliser la population au problème de braconnage de collets qui utilise fils de fer ou de cuivre pour capturer des animaux sauvages de toute taille.

Les fonds que nous collectons via la vente de nos produits 100% confectionnés à base de ces pièges , nous permettent ainsi de financer le traitement et la réhabilitation d’animaux pris au piège et blessés par cette pratique de plus en plus développée en Afrique qui consiste à utiliser du fil de fer pour créer un piège dans lequel l’animal se retrouvera coincé et qui permettra alors au braconnier de revenir plus tard capturer sa proie.

Nous intervenons aussi, à petite comme à grande échelle, dans la collecte de ses pièges au coeur même de reserves naturelles ou autres fermes, avec l’aide des communautés locales, de sorte de les impliquer davantage dans le processus de sensibilisation.

Le braconnage de collets a toujours été un problème auquel nous sommes confrontés, pas uniquement en Afrique d’ailleurs, partout dans le monde, en particulier dans les zones où la population est très pauvre, et peine à pouvoir subvenir à ses besoins premiers, à savoir manger.

Nous voulions apporter notre aide et éduquer tout en sensibilisant les populations quant l’importance de la conservation de la faune animalière, en particulier car la majorité des gens est loin de se douter de la taille de ce fléau.

Avec mon frère, nous avons eu la chance de grandir au coeur de la savane africaine, au contact des animaux sauvages et cela à beaucoup influencé notre passion pour la conservation et protection de cette faune sauvage.

Nous voulions que cela reste accessible à tous et que cela soit facile à porter.

Nous avons donc décidé de créer une gamme courte mais de haute qualité avec 5 principales références: le bracelet (en cuivre ou metal), la bague, les boucles d’oreilles, le marque page et enfin le collier pendentif.

Ce sont des produits facile à porter, facile à offrir et unisex (mis a part les boucles d’oreilles).

Vous pouvez retrouver l’ensemble de ces références et leur prix sur notre site internet :  http://www.down2thewire.org   

Chaque produit demande beaucoup de travail, d’application et de patience.

La première des étapes étant pour chaque morceau de fil de fer, de le nettoyer et de l’aplatir le plus droit possible. Ensuite vient le moment où il faut travailler la forme et créer la rondeur parfaite en chauffant le matériau et en usant d’une agilité subtile de sorte que la forme obtenue épouse parfaitement la forme du poignet, doigt..

Cela peut prendre plus d’une heure de travail pour un seul et unique produit abouti. 

D’un piège de collet,  nous pouvons réussir à créer 4 ou 5 produits. Les 6 derniers mois, nous avons retravailler l’équivalent de 1,2 km de pièges en fil de fer pour en faire des produits allant de bracelets, bagues, boucles d’oreilles à des marques pages.

Effectivement,  nous avons beaucoup d’anecdotes sur ce sujet, mais il y en a une qui me vient en tête là de suite et qui m’a beaucoup touchée personnellement:

L’histoire d’un Waterbuck ( Chobe de Croissant , une antilope totalement dépendante de l’eau, qui a besoin de se désaltérer au moins une fois par jour).Cette antilope a été prise eu piège au niveau du museau, elle avait réussi à s’enfuir mais le fil de fer s’était resserré autour de son museau l’empêchant de manger ou même de boire.

Ce jour là je me souviens, il faisait très chaud, et cette pauvre antilope s’était approchée d’un point d’eau sans pouvoir boire. Désespérée de ne pouvoir se désaltérer, l’antilope se dirigea au milieu du point d’eau pour se rafraîchir, c’est là que nous l’avons trouvé.

Notre équipe réussît finalement à l’approcher et lui retirer le piège qui encerclait son museau. A la seconde même où il retrouvait sa liberté, il se mit à boire pendant de longues minutes. Ce fût un moment très spécial pour moi, qui restera dans ma mémoire pour longtemps.

100% de nos matériaux proviennent de pièges de collets installés par les braconniers et destinés à tuer des animaux.

Nous collectons nous-même une grande partie de ces pièges sur le terrain lors de journée dédiées à cela mais nous recevons aussi ceux collectés par les fermes et reserves naturelles environnantes qui connaissent notre travail et qui, mettent de côté les pièges trouvés sur leur propriété, pour nous les apporter lorsqu’ils viennent en ville.

Clairement le confinement national que nous avons vécu ici en Afrique du Sud, comme dans beaucoup d’autres pays, n’a pas aidé, et oui en effet, le nombre d’animaux impacté par ces pièges à nettement augmenté.

Nous le constatons aussi du fait du nombre élevé de pièges que nous trouvons et ramassons depuis le début du confinement malheureusement.

Beaucoup de gens ont perdu leur travail suite à l’arrivée du Covid et au confinement, n’ayant plus les moyens de subvenir à leur besoin, certains sont tentés de braconner des antilopes ou autre animal pour la viande.

Depuis cette période, nous avons pu travailler au côté de personnes extrêmement dévouées, qui ont fait appel à nous, à chaque fois qu’un animal était repéré blessé du fait de ces pièges.  Nous avons pu ainsi notamment financer l’intervention auprès de plusieurs Hyènes qui se sont fait prise au piège.

Nous avons pu, grâce à la vente de nos produits, financer l’intervention d’un vétérinaire et d’une équipe sur place qui nuit après nuit à réussi à capturer ces hyènes, les traiter et les libérer à nouveau. Une énorme satisfaction pour nous.

Il faut savoir qu’en plus du braconnage lié à la viande, il y a aussi le braconnage lié au croyances et au marché noir de traitements traditionnels utilisant des carnivores, des cornes de rhinoceros, des pattes de lion ou des os de félins.

N’ayant aucune expérience dans la confection de bijoux et encore moins dans l’assemblage de métaux, nous avons vraiment démarrer de zéro. Mais avec une équipe de personnes si dévouées, nous avons tout fait pour, petit à petit, relever ce challenge ensemble.

Le fait qu’un si petit projet comme Down2the Wire, puisse faire une telle difference sur le terrain pour la conservation et protection de la vie sauvage.

La visibilité de notre marque est essentielle pour continuer à accroître cette sensibilisation que nous avons engagé.

Toute sorte de mise en avant de nos produits et/ou de notre marque sera une précieuse aide pour nous.

En permettant une prise de conscience plus forte sur ce réel problème de braconnage de collets, nous contribuons à éduquer davantage de personnes et de ce fait, nous l’espérons, à diminuer ces actes pour préserver au mieux notre faune sauvage si emblématique.

Un grand merci à toi Lilly de m’avoir accordé ce temps et d’avoir si gentiment répondu à mes questions, encore bravo pour ce formidable projet.

Des personnes aussi inspirantes méritent et doivent être mise en avant plus souvent, alors, si vous aussi, vous souhaitez supporter ce beau projet, parlez-en autour de vous, mettez-les en avant, et si vous avez la chance de venir visiter l’Afrique du Sud (avec INTO MY WILD AFRICA bien sûr) alors ne repartez pas les mains vides!!

Qui sait, l’un de vos bracelets ou marque-page achetés auprès de Down2the Wire, va peut être permettre de financer une partie du traitement du prochain animal blessé par le braconnage de collets..